27 octobre 2023 Lièvre : une année avec de nombreuses interrogations

1-      CONTEXTE :

Depuis 2017, la Fédération Départementale des Chasseurs des Deux-Sèvres réalise à la mi-saison de chasse du lièvre, un point sur la situation de l’espèce. Cette note a pour but d’aider les responsables de territoire à la prise de décision dans la gestion de ce léporidé.

Sur chacune des 19 unités de gestion du département, une ou plusieurs communes référentes collectent différents éléments de gestion qui sont :

-         Les pattes antérieures des lièvres prélevés afin de déterminer le pourcentage de jeunes au tableau de chasse

-         L’état de la population par un comptage à la mi-octobre

-         Le nombre de lièvres prélevés sur les premiers jours de chasse.

2-      ETAT DES POPULATIONS

En matière de faune sauvage, il faut souvent garder à l’esprit que nous ne maitrisons pas l’ensemble des paramètres comme les conditions météorologiques le succès de la reproduction, l’impact de la prédation et du machinisme agricole sur les jeunes…

L’année 2023, tout comme l’année 2022, en est une nouvelle fois, le parfait exemple pour le lièvre. Si les dégâts sur tournesol du printemps et les observations réalisées à la fin des moissons de céréales laissaient entrevoir une année très prometteuse, les premiers jours de chasse laissent un goût amer à nos chasseurs.  La vigilance doit être le maitre mot même si localement quelques communes semblent moins impactées. Tout comme l’an passé, la reproduction ne semble pas bonne et le nombre de jeunes prélevés en ce début de saison est bien inférieur à ce qu’il aurait dû être au vu des observations estivales. Il est bien difficile de trouver une explication précise, cette dernière doit être multifactorielle. 2022 avait son lot d’explications avec un impact de la sécheresse et de la canicule. L’analyse des cristallins avait fait apparaitre un déficit de jeunes durant les mois de juin à août, mois normalement les plus prolifiques en termes de reproduction.

En 2023, les constats sont des prélèvements moindres et une sensation d’observer peu ou pas d’animaux. Ce sentiment de baisse des populations est certainement amplifié par des conditions de chasse très sèches jusqu’aux premières pluies de la mi-octobre.  Première conséquence de ce constat, une dizaine de communes ont déjà pris une mesure radicale en anticipant la fermeture de l’espèce.

  • Le résultat des ateliers de palpation des pattes : L’analyse d’une première frange d’échantillons montre que le pourcentage de jeunes au tableau de chasse est faible avec seulement 55%. Il était encore plus faible en 2022 avec 53 % de jeunes. Ce chiffre est cependant très nettement inférieur à ceux de 2020 (63%), 2019 (65%) et 2018 (67%). Pour rappel, une bonne année de reproduction se situe entre 65 et 70% de jeunes au tableau de chasse. Ces données sont identiques dans l’ensemble du département que l’on se trouve en zone de plaine ou bien en zone de bocage-gâtine.

Certes, les échantillons analysés ne sont pas encore complets, mais ils laissent présager d’un mauvais succès reproducteur ou d’un faible taux de survie des jeunes. De plus, les tableaux de chasse analysés font apparaitre une baisse de près de 30% du nombre d’individus prélevés par rapport à l’an passé. A titre d’information, l’analyse des pattes s’appuie sur la présence/absence d’un cartilage situé sur le membre avant. Plus ce dernier est facilement palpable, plus l’animal est jeune. Il disparait vers l’âge de 8 mois. Ces premières données devront désormais être confirmées par l’analyse des cristallins après la fermeture de la chasse de cette espèce.

Pour rappel, les lièvres les plus faciles à prélever en début de saison, sont les jeunes. A ce jour, les prélèvements se font autant sur les adultes que sur les lièvres de l’année, ce qui risque d’avoir pour conséquence de faire baisser la population de reproducteurs et par conséquent d’impacter la population pour les prochaines années.

  • Les comptages de mi-saison : Le service technique a réalisé sur l’ensemble des communes référentes, un comptage mi-octobre. Sur les zones de plaine, le nombre de lièvres observés par kilomètre réalisé est stable avec 4.28 lièvres. (4.22 en 2022, 4.47 en 2021, 4.7 en 2020, 3.98 en 2019 et 2,94 en 2018). En revanche pour les communes suivies par la méthode dite EPP (Evaluation par Point avec un Projecteur), les comptages continuent leur progression positive sur les 5 ans. La moyenne est désormais de 1.4 lièvres par point.  
  • Sanitaire : Sur le plan sanitaire, quelques cas de mortalité ont été signalés sur l’ensemble du département courant septembre. Ces observations faisaient état de lièvres morts plusieurs semaines auparavant. Là aussi, difficile de se prononcer sur les raisons précises de cette mortalité. Quelques lièvres ont été analysés ici et là et font apparaitre les maladies observées régulièrement chez le lièvre comme la pasteurellose ou la kérato-conjonctivite. A noter également, un cas de tularémie observé dans le nord du département.

3-      CONCLUSION

En fonction des situations locales, il demeure nécessaire de rester prudent. Le faible nombre de jeunes au tableau de chasse doit inciter à la prudence afin de ne pas mettre en péril le capital reproducteur en fin de saison. Il est cependant important de garder à l’esprit l’équilibre agro-cynégétique dans certains secteurs pour éviter les dégâts sur tournesol lors du prochain printemps.

Le service technique de la Fédération Départementale des Chasseurs des Deux-Sèvres est, bien entendu, à votre écoute pour étudier avec vous si nécessaire la mise en place de toute mesure de gestion particulière sur votre territoire. Sachez également que cette situation n’est pas uniquement constatée en Deux-Sèvres, elle est un peu générale partout en France.

Je profite de ce bilan de mi-saison, pour aborder le chevreuil. Nombreux sont les territoires qui nous font remonter des cas de diarrhées. Cette situation est fréquente en cette période de l’année et correspond à des problèmes parasitaires. Il faut cependant rester vigilant quant à l’état des populations.

D’une manière générale, en cas de mortalité de la faune sauvage, toutes espèces confondues, n’hésitez pas à contacter le personnel technique de la fédération qui jugera de l’opportunité d’une éventuelle analyse dans le cadre du réseau SAGIR. N’oubliez pas de manipuler avec la plus grande précaution les cadavres en utilisant au minima des gants de protection.

 Je souhaitais remercier également l’ensemble des territoires qui contribuent aux différents suivis de l’espèce Lièvre et qui nous permettent de vous informer à mi-saison depuis quelques années.

Bonne fin de saison à tous.

 Le Président

Guy TALINEAU